L'appareil photo de Guillaume L

Voici l'anecdote envoyée par Guillaume L. sur notre adresse mail anekdotes.megen@gmail.com

C’est l’une de ces chambres

Où souvent je me cambre

Pour y poser mon œil,

Comme d’autres se penchent

Vers une icône blanche,

Comme l’on se recueille.

Devant : une fenêtre

Pour laisser apparaître

Les beautés défendues ;

Et derrière : une page

Où s’écrira l’image

De leurs traces perdues.

C’est un lieu si étroit

Qu’il ne peut à la fois

S’y tenir qu’un regard,

Tout ce qui s’y imprime

Vient alors de l’intime,

Et du blanc, et du noir ;

Parfois d’autres couleurs

Transcendent la pâleur

Des sujets qui s’en teintent ;

Mais enfin, une robe

Quelquefois se dérobe

À livrer son empreinte :

Je me souviens de celle

Dont la tendre étincelle

Apparut au carreau

De mon regard de verre

Qui, même grand ouvert,

Fut cerné de barreaux ;

De la silhouette sombre

Qui - princesse des ombres -

Rejoignit son domaine

Sans me laisser le temps

D'extraire de l'instant

Ni sa joie, ni sa peine.

Profondément cachés

Entre tous ces clichés

Qui tapissent les murs,

D’encore plus précieux

Filent devant nos yeux

Sans qu'on ne les capture ;

Ceux-là sont les plus vrais.

Du reste, si jamais

Un remord vous attriste,

Fermez vos yeux amers,

Car dessous vos paupières,

Chaque image persiste.

27 avril 2021

Merci Guillaume pour votre anecdote !